• Dashiell Hammett – Moisson Rouge

    Dashiell Hammett – Moisson RougeLe problème de Personville, c’est que Dieu l’a quittée depuis bien longtemps. Délaissés par la parole divine, les moissonneurs ont mis à la poubelle leurs ailes d’anges et leurs auréoles. En ces temps de prohibition et de combats de boxe truqués, ils ont rebaptisé leur ville Poisonville. L’atmosphère y est puante, empoisonnée par une police corrompue qui s’est accoquinée avec bootlegers du coin et autres criminels. Quant à la municipalité, elle s’en lave les main, et son maire, Don Willsson, se présenterait presque tel Ponce Pilate alors qu’il n’est rien d’autre qu’un Parrain sur le déclin. Même les saisons ne changent plus à Poisonville. La moisson s’y pratique tous les jours, et c’est l’ivraie qu’on y récolte.

    Un détective de l’agence Continental de San Francisco n’apprécie que peu cet air qui embaume la ville. Il faut dire que son client, pour lequel il a fait son déplacement, est mort le soir de son arrivée en ville. En quête d’air pur autant que de blé, orphelin de sa mission et bien déterminé à connaître la vérité de ce meurtre, il décide d’être celui qui séparera le bon grain de l’ivraie. Sa stratégie ? La moisson par le chaos. Semer le vent qui permet de récolter la tempête. Alors l’enquêteur se transforme en détonateur, avec pour unique but de voir le sang et la violence faire le travail à sa place. Il s’agit d’exploser le système de l’intérieur. Comment ? En charmant les effeuilleuses vénales qui ont récolté tous les secrets de la cité sur les oreillers de ses notables corrompus. En vendangeant les paris truqués. En pactisant avec le diable, en jouant les entremetteurs des réunions qui visent à se partager le gâteau que représente cette ville de 40 000 habitants. En montant les joueurs professionnels contre les trafiquants d’alcool, le chef de la police contre le maire, et en cueillant toute la lie de Personville à froid. Froid comme un cadavre.

    à suivre